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Réflexion éthique et médias sociaux

logo1_ULRéflexion éthique et médias sociaux

Benoit Petit et Joël Bouthillette
RÉCIT national | Domaine du développement de la personne | CSSH

#2501 – Mercredi, 1er avril de 13:00 à 14:30

 

Voici deux mots qui, à prime abord, ne semblent pas convenir dans la même phrase : réfléchir et médias sociaux. C’est que les médias sociaux évoquent l’instantanéité et la viralité par opposition à la réflexion, qui suggère plutôt le calme nécessaire à la mise en place d’un état d’introspection.

Dans la conférence Réflexion étique et médias sociaux, ce qui réunit ces deux pôles, c’est l’éducation, oui l’éducation ! Parce qu’en contexte éducatif, l’utilisation des médias sociaux commande de ralentir la cadence, d’éveiller sa conscience et d’entamer une réflexion sur l’usage. L’usage qu’on en fait, que les étudiants en font et l’usage que nous désirons en faire en tant que société. C’est précisément par ce questionnement que nous avons été introduit à l’atelier de M. Benoît Petit, Conseiller pédagogique pour le Service national du RÉCIT dans le domaine du développement de la personne.

Le portrait des médias sociaux a-t-il changer et pourquoi  ?

Une discussion de groupe nous a permis de dégager certaines idées. Par exemple, il est apparu clair que des changements sont en cours concernant l’utilisation des médias sociaux même si dans les faits, en cadre scolaire, ils ne font pas l’unanimité. Certains changements sont directement issus de l’environnement. Rejoindre les parents plus rapidement par exemple ou l’utilisation de Twitter comme outil pédagogique. Des pratiques, comme la classe inversée forcent aussi cette réflexion sur l’intégration des médias sociaux en cadre scolaire.

Chose certaine, les décisions prises, en ce qui concerne ces derniers, sont issues de compromis entre plusieurs individus : ceux qui prennent des décisions administratives rigoureuses basées sur la sécurité et l’équilibre et ceux pour qui l’attente d’une utilisation libéralisée de ces outils numériques semble lente et interminable.

Mais où sont «Les jeunes» ?

Pour la première fois, on remet en question l’idée à la mode qui voudrait que les jeunes délaissent Facebook. Ils y seraient toujours aussi présents et ainsi l’outil de partage de M. Zuckerberg, serait toujours le lieu de rassemblement virtuel de prédilection de 98% des jeunes. La différence selon un participant, M Frédéric Lavoie, c’est qu’ils y passent moins de temps, car « ils sont sur Instagram, Pinterest, et très vite sur tout ce qui émerge« . Finalement, conclut-il : «ils sont à plusieurs endroits». À ceux qui soulèvent l’argument béton mainte fois entendu «c’est que leurs parents sont maintenant sur Facebook» il répond : «ne vous en faites pas, ils publient ailleurs ce qu’ils ne veulent pas que leurs parents voient, mais ils ont toujours leur page Facebook». Retour à la case départ !

Réflexion éthique à l’aide des médias sociaux

Comment expliquer cette popularité ? Premièrement, dans la tête des élèves, les médias sociaux ne sont pas des outils. Deuxièmement, ce sont d’incroyables vecteurs d’émotions, ce qui expliquerait en partie l’effet viral qui les entoure ainsi que leur popularité. Bref ils véhiculent des valeurs affectives. Nous n’avons certes pas la même approche envers une publication émise par un «ami» qu’envers celle émise par un inconnu. «Si on veut en tirer profit en tant qu’enseignant, il faut donc tenter de comprendre les médias sociaux» de déclarer M. Petit en enchainant avec deux questionnements importants :
Comment les médias sociaux pourraient-ils aider l’apprentissage ? Puis, Comment les médias sociaux pourraient-ils nous aider, nous, à progresser dans notre développement professionnel ? Nous passons ainsi à quelques définitions et faits, afin de bien cerner notre sujet.

MÉDIAS SOCIAUX  : outils qui servent à communiquer à travers le web
RÉSEAUX SOCIAUX : médias qui ne sont pas forcément numériques
TAGUER : mettre une étiquette qui génère des métadonnées
INDEXER : les serveurs indexent, emmagasinent les métadonnées
SERVEUR : chez Google, les serveurs prennent la forme de « fermes » partout dans le monde

Conclusion frappante de l’exercice :  vous êtes tracés, le savez-vous !
Je dis frappante puisque le 30 mars dernier, c’était également la conclusion de M Philippe Nieuwbourg, journaliste; à une conférence sur la vie privée dans le cyberespace, qui se tenait à l’Amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins à l’Université Laval. Toutefois, la nuance qu’apporte M. Petit est intéressante, à savoir que « ce qui est important finalement, c’est de le savoir« . Du coup, par cette soudaine prise de conscience, notre rapport au numérique est changé. Google sait ce que je fais, mais aussi ce que tout mon réseau fait.

Le cas des publicités par suggestion (ces publicités camouflées générées à partir de notre navigation) est éloquent. Selon le conférencier, avec ce type de produits, comme notre conscience est moindre, notre garde baisse. La conscience entretient notre vigilance, ce qui favorise notre regard critique et nous devrions les cultiver en matière de médias sociaux.

Finalement, nous nous sommes efforcés de tracer la limite entre morale et éthique, deux concepts proches, mais qui ont un impact différant. Le questionnement éthique n’est pas en train de dicter ce qui est correct ou pas, mais plutôt, en train d’essayer de comprendre ce qui est en jeu. Pour ce faire, il suggère de se poser des questions utiles puisqu’en tant qu’enseignant, nous sommes confrontés à des discussions engendrées par des sujets éthiques issus de débordements et de pertes de contrôle dans notre environnement.

CAS 1 – un étudiant s’abonne à ma page

Le cas hypothétique d’un élève qui s’abonne au profil personnel d’une enseignante nous a ainsi servi de tremplin pour favoriser notre questionnement. Ainsi, est-ce que tout le monde peut s’abonner à tout le monde au sein de la commission scolaire ? M. Petit nous force à répondre par une question afin de mieux cerner l’enjeu éthique ? Une première intervenante s’exprime : «Est-ce qu’on veut que tout le monde puisse s’abonner à nous sans que nous ayons le droit de véto» ? Un second participant renchérit : «Quelles sont les utilisations que l’on veut vraiment faire des médias sociaux en contexte scolaire » ?

Réflexion éthique : Le questionnement éthique nous sert à décrire une situation, à définir qui est en cause, à identifier pourquoi certains élèves se sont inscrits à l’enseignante. Les réponses nous permettent de constater que nous n’avons pas tous les mêmes repères. Dans ce cas-ci, les enseignants n’ont pas les mêmes repères que l’étudiant, que la direction, que les collègues, etc. Ainsi, l’éthique tente de trouver des points communs dans les repères de chacun pour les relier entre eux.

Cas 2 – les amis de ma fille entrent sans sonner

Contexte : un père travaille au sous-sol pendant que sa fille est au salon. Il entend soudain des voix. N’ayant pas eu conscience de l’arrivée de quelqu’un, il questionne sa fille.

– LE PAPA : «comment as-tu su que tes amis étaient à la porte ?»
– LA FILLE : «Ben, ils m’ont texté sur le perron de la porte».
– LE PAPA ÉTONNÉ : «Mais pourquoi ils ont fait ça !!! Ils t’ont vraiment texté sur le perron ?»
– LA FILLE : «Ben papa, tout le monde fait ça !»
– LE PAPA : «Pourquoi n’ont-ils pas simplement utilisé la sonnette ?»
– LA FILLE EXASPÉRÉE : « Franchement papa, aimes-tu mieux te faire répondre par un vieux que tu ne connais pas ou par moi ?!! ».

Réflexion éthique : Comme dans l’exemple précédant, l’auteur visait la prise de conscience de l’existence d’un ensemble de points de vue. Devant ces derniers, une multitude de choix s’offrent à nous. En pareil cas, le questionnement éthique nous force à envisager d’autres possibilités en nous demandant : y a-t-il d’autres choix ? Par rapport aux médias sociaux, il est important de s’approprier la plateforme et de revoir notre utilisation de l’outil. Ainsi, se poser les bonnes questions dans une démarche de réflexion, et penser aux conséquences négatives, mais aussi aux conséquences positives. Les élèves voient le mot«conséquence» comme négatif, mais dans les faits, si le jeune a fait cela, c’est qu’il y voyait un avantage.

La réflexion éthique veut s’interroger pour trouver des solutions

M. Petit conclu en nous disant que la réflexion éthique nous permet de nous poser les bonnes questions concernant les médias sociaux en classe. Il renchérit avec l’idée qu’être professionnel, c’est répondre de ses actes. Ainsi selon lui, si nous mettons en place les mécanismes de réflexion éthique dans notre pratique, nous connaitrons le « pourquoi » de notre usage des médias sociaux et si la direction nous questionne, nous saurons exactement quoi répondre.

Bref, il s’agit de savoir utiliser la puissance des outils sans contrevenir aux règlements. Les écarts seront toujours présents, ceci ne veut pas dire que nous ne devons pas outiller nos étudiants. Selon M. Petit, il n’est pas normal de réfléchir pour la toute première fois sur son compte Facebook à l’Université et ce qu’affirme également Madame Francine Charest, directrice de l’Observatoire des médias sociaux en relations publiques de l’Université Laval dans toutes ses conférences.

M. Petit sollicite notre réflexion, « Ne devrait-on pas entamer cette réflexion éthique dès le primaire ? » Ce principe est pourtant appliqué avec les langues, la robotique et pourquoi pas avec l’éthique entourant les médias sociaux ?

Je conclurai ici en amorçant une réflexion éthique comme on m’a enseigné à le faire :

S’exercer à la réflexion éthique ne serait-il pas profitable à tous en ce qui concerne l’implantation des médias sociaux en contexte scolaire ?

 

Lien utile
Présentation de M Benoît Petit | YouTube | 1:34

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Leslie Dumont

Leslie.Dumont

journaliste-chroniqueuse

Technologie éducative

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Équipe de Chroniqueurs Web
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L'équipe de Chroniqueurs Web est composée d'étudiants et de retraités en enseignement qui livrent leurs impressions sur leur participation au colloque de l'AQUOPS.

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