On m’a d’abord accueillie en français, en anglais et en langage sourd muet. J’ai tout de suite senti que la présentation s’adressait aux participants. Flipping classroom, Quoi ? Pourquoi ? Comment ? fut un atelier fort sympathique, teinté d’humour et de visuels efficaces.
Premièrement, ils n’étaient pas un, ni deux, mais trois et se sont présentés comme le groupe AC-DC : Avi, Claudine, Danielle Collaboration. C’était prometteur et effectivement le ton de la présentation est resté motivant du début à la fin. Le propos était juste, les visuels sobres et efficaces et l’humour bien dosé. Ceci plaisait bien à mon âme de graphiste-artiste-technopédagogue-en-devenir.
Cas classique, on nous introduit avec une activité brise-glace, un questionnement sur nos perceptions de la classe inversée. Bien que ce concept fort à la mode ne m’était pas inconnu, on ne peut pas dire que j’en étais une experte. Pénarde sur ma chaise, je n’osais donc aucune définition. Ce que j’en retiens par contre : le but de la classe inversée est d’apprendre aux étudiants à apprendre. Oui, à apprendre à apprendre ! Chacun d’eux devient en fait, le propre artisan de son apprentissage et dans cette formule, notre mission est de l’aider à progresser dans cet apprentissage. Ils peuvent ainsi développer des réflexes d’autonomie et de responsabilisation. Ça s’annonçait bien, non ?
Pour y arriver, plusieurs moyens s’offrent à nous et le panel d’experts, composé de Danielle Jacques du RÉCIT local à la Commission scolaire Beauce-Etchemin, Clodyne Jourdain de la Commission scolaire de l’Estuaire et Avi Spector du Récit local de la Commission scolaire de Riverside, nous a fait part de ses meilleurs trucs.
Un des avantages que je retiens du modèle de la classe inversée est qu’elle permet une belle différenciation. Ainsi les plus forts peuvent progresser aussi vite qu’ils le désirent pendant que les plus faibles peuvent s’adonner au visionnement en boucles des différents médias mis à leur disposition, et ce, sans devoir affronter le jugement du groupe ou le regard de l’enseignant. «Tes ben niaiseux ! » «T’as pas compris !! », vous n’entendrez jamais une machine s’exprimer de la sorte et c’est tout un avantage pour certains d’entre eux.
Autre avantage, il n’y a plus vraiment de devoir. Les élèves font le travail où et quand ceci leur convient. L’apprentissage s’en trouve donc bonifié. Cette formule réduit vite à néant les excuses du type : «Le prof à mal expliqué en classe, je ne peux pas faire le devoir ». Parents et des enseignants sont transportés d’une satisfaction sans mots et sourient avec béatitude devant le rejeton muselé par la formule. Qu’arrive-t-il à ceux qui opteraient tout de même pour la dissidence me direz-vous ? Eh bien, pauvres petits, ils se retrouvent assez vite en position d’inefficacité dans le cours. Le pire, c’est qu’ils le constatent par eux même sans nécessiter l’intervention de l’enseignant, puisqu’ils se retrouvent incapables de faire les travaux en classe, à la remorque de leur tuteur. Position plutôt gênante vous conviendrez.
Même si cela semble magique, tout n’est pas «flippable» de dire les conférenciers. Il faut aller doucement pour ne pas faire peur aux parents, ni aux élèves. Inverser une classe est un lent et long processus. Sur ces propos sérieux, on enchaine avec une vidéo des plus humoristique sur la surcharge cognitive afin d’appuyer le propos, ce qui fait bien rire l’auditoire.
Second truc de notre groupe électrique : utiliser des vidéos. On aurait dû y penser ! Après coup, quoi de mieux qu’un vidéo pour introduire des théories sur le vidéo ? Ainsi on nous incite à utiliser les vidéos, mais aussi à les combiner avec d’autres types de médias. L’idée à retenir est que tout ce qui nous aide à enseigner un contenu à nos élèves est considéré comme pertinent. Les vidéos et les sites internet par contre, ont l’avantage de pouvoir être vus en classe ou à la maison. Ils permettent aussi aux parents d’apprendre avec les enfants et surtout, d’apprendre la méthode enseignée.
On nous suggère aussi de détourner le problème d’accès à internet par des DVD. Ce ne sont pas tous les environnements scolaires qui ont les mêmes réalités et certains doivent encore trouver des moyens alternatifs. Le DVD permet le visionnement de vidéos presque partout.
Notre trio énergique nous conseille aussi d’appuyer nos explications par trois sources d’information différentes et on nous le prouve en vidéo. Quelle stratégie pédagogique efficace ! Mais trois sources différentes, ça fait beaucoup de matériel, me direz-vous. Peu importe, vous avez plein de main d’oeuvre à portée de main. 15, 20, 30 petits étudiants en manques de défis dans leur vie. Si vous leur demandez, tels les 7 nains, ils chercheront et trouveront pour vous des mines de vidéos pour documenter la matière de votre cours. Vous pourriez même leur donner des critères de recherche et leur demander de trouver un artefact qui répond à ces derniers. « Maintenant les enfants, on laisse tomber les diamants et on cherche des saphirs ! » Chercher, trouver, participer = bonheur pour les élèves, mais aussi pour l’enseignant. Soyez créatif et le tour est joué ! Et dites-vous bien que le vieux dicton : Demandez et vous recevrez, n’est plus un secret.
Aux dires de nos trois compères, les vidéos peuvent vraiment changer notre pratique. Sous l’angle présenté, j’ai plutôt tendance à y croire. Leur choix en matière de vidéos illustre fort bien leur propos et quelques un sont carrément hilarants mais toujours pertinents. Il est ainsi conseillé de choisir de bons vidéos. « C’est très important« , insistent-ils, « car tout n’est pas un bon vidéo« . Et si jamais vous et votre clan de chercheurs en herbe, vos élèves, n’arriviez pas à dénicher la perle rare, pourquoi ne pas pensez à produire les vôtres ? Oui, oui ! Produire vos vidéos. Le plus important est de ne pas s’enfermer dans une formule, mais bien de tirer le meilleur de l’utilisation des vidéos et si cela passe par transformer sa classe en studio de production, pourquoi pas ? À ce moment on entend les perfectionnistes s’agiter de malaise sur leur chaise, «produire des vidéos, beaucoup trop à investir pour arriver à quelque chose d’imparfait», les entend-on penser. Mais notre animateur a tous les talents, dont celui décoder les micros expressions tel le Dr Lightman dans Lie to me, ainsi ils s’empressent de les rassurer sur la qualité du rendu : «Quick and dirty is often better than time consuming and polished» énonce-t-il dans sa langue maternelle. Et POW! Tout le monde est soulagé et se remet à respirer. En fait il ne s’agit pas de miser sur la perfection, mais bien de faire une vidéo comme si vous étiez en classe, une vidéo imparfaite et personnelle. De toute façon, ni les étudiants, ni les enseignants ne s’attendent à cela à l’ère des vidéos-conférences et des autoproductions effrénées (300 heures de vidéo en ligne chaque minute sur YouTube). Conclusion, la simplicité en matière de production vidéo est gagnante. S’ensuit une démonstration d’Explain everything qui offre la possibilité d’ajouter des commentaires audio et de transformer facilement des captures d’écran en capsules vidéo.
Pour conclure, nos trois experts nous partagent cinq trucs qui devraient nous permettre d’éviter les écueils rencontrés par les précurseurs du modèle de la classe inversée ce qui, à la surprise de tous, conclut l’activité de la journée. Divertit, animés et alimentés de trucs, images, propos, le temps a filé sans qu’on ne s’en aperçoive !
Appréciation : Chose certaine, le rapport interactivité-motivation est un concept vérifié dans cette présentation convaincante. L’auditoire n’a pas manqué de partager un nombre considérable d’exemples, de cas en plus de poser plusieurs questions. Les outils présentés comme Explain everything, semblent intéressants et les conférenciers nous ont donné envie de les essayer. En ce sens, le défi de nous intéresser à la classe inversée et à la production de matériel vidéo est relevé. Il ne nous reste plus qu’a relever nous même le défis d’inversée notre classe en renversant nos pratiques. Grâce à ce survol humoristique, nous partons confiants et outillés, la tête pleine d’idées et le sourire au visage.
Merci aux présentateurs pour leur énergie communicative qui servira de modèle lors de mes propres productions vidéos.
Présentation de l’atelier | gracieuseté d’AC-DC | Claudine Jourdain | Avi Spector | Danielle Jacques
Un livre sur le sujet | Flip Your Classroom: Reach Every Student in Every Class Every Day
Explain Evertything | Apple Store
5 Things I Wish I Knew When I Flipped My Class.mp4 | John Sowash, Classroom « flipper »
sources : les images proviennent de la présentation de l’équipe
journaliste-chroniqueuse
Technologie éducative